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Pourquoi le LOSC est obligé de vendre ses meilleurs joueurs chaque année ? La période Lopez

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Crédit photo : IconSport

Le LOSC vend chaque année, ou presque, ses meilleurs joueurs pour combler son déficit structurel. Dès la fin du projet de Michel Seydoux, le club lillois s’est vu obligé de vendre pour beaucoup chaque année, ce qui n’a pas changé sous Gérard Lopez. Le projet de l’hispano-luxembourgeois n’a pas permis de régler les problèmes financiers des Dogues.

> Volet numéro 1 : La période Seydoux.

Un club en décrépitude financière

A la fin du projet de Michel Seydoux, l’absence de qualification en coupe d’Europe entraîne un fort déficit pour le club lillois à chaque fin de saison. Les nombreux gros salaires arrivés au début des années 2010 ne satisfont pas sportivement et n’attirent que difficilement preneur. La masse salariale baisse malgré tout, mais elle reste quasiment constamment supérieure à celles de certains de ses concurrents, comme Saint-Etienne et Nice. Pourtant, cette forte masse salariale, toujours supérieure à 48 millions d’euros, ne lui assure pas de terminer de manière continue dans le top 5. 

A sa décharge, la dynamique du LOSC n’est pas la même que celles de ses concurrents, qui sont en pleine reconstruction après des années de galère, alors que le club lillois vient de connaître un titre et cherche à ne pas glisser au classement. Mais le fait est que sa masse salariale et les montants que le club continue d’investir sur le marché restent relativement élevés comparés à ceux de ses concurrents, pour des résultats semblables.

En réalité, le fort déficit du LOSC ne fait pas vraiment exception, car les clubs français sont, pour la grande majorité d’entre eux, déficitaires chaque saison. Les dirigeants des clubs hexagonaux critiquent le lourd système fiscal français par rapport à leurs voisins européens, tandis que les politiques du pays reprochent une gestion sportive parfois douteuse pour les clubs les plus en difficultés. 

S’il n’est pas seul à accuser un déficit structurel en Ligue 1, le LOSC n’en reste pas moins l’un des plus mauvais élèves chez les clubs français. En 2019, le déficit lillois sur les 10 dernières saisons est estimé à plus de 210 millions d’euros. Il s’agit du deuxième pire total sur la période, derrière l’OM.

Le trading sauveur du LOSC ?

Revenons donc à l’arrivée de Gérard Lopez. L’investisseur hispano-luxembourgeois entre en négociation exclusive avec Michel Seydoux en octobre 2016. A ce moment-là, le LOSC inquiète, plombé par une élimination précoce à Qabala fin juillet puis par une vingtième place peu reluisante au classement. Sportivement comme financièrement, le club lillois traverse une crise. En arrivant, Gérard Lopez évoque un objectif : celui du maintien et d’un top 5 la saison suivante.

Si les ambitions de Lopez et les hommes qui l’entourent dans ce nouveau projet peuvent amener à rêver, le financement de ce LOSC new look interroge certains médias. L’ancien propriétaire de l’écurie Renault F1 aurait procédé à un LBO, un rachat par la dette, empruntant régulièrement – sont évoqués plus de 225 millions d’euros lors de ses deux premières saisons – au fonds Elliott, à un taux d’intérêt qui frôlerait les 20 %.

Le projet de Gérard Lopez, basé sur le trading de joueurs, demande d’importants investissements sur le marché des transferts. La méthode de Luis Campos, le conseiller sportif du président des Dogues, exige d’investir sur un grand nombre de joueurs. L’équipe réserve est remplie de paris, qui ne se révéleront pas tous concluants. Mais grâce aux plus-values réalisées sur les jeunes joueurs à fort potentiel achetés par le LOSC, les dirigeants lillois ont l’ambition de rembourser les dettes et à terme, de combler suffisamment le déficit pour garder ses meilleurs joueurs.

Pour rembourser ses emprunts, Gérard Lopez va donc devoir vendre pour beaucoup, sans échouer sportivement, au risque de voir Elliott récidiver ce qu’il avait fait à Milan quelques mois plus tôt, en faisant main basse sur le club. Malheur : la saison 2017-2018 est un échec et Marcelo Bielsa est remercié après 5 mois à la tête de l’équipe première. Il réclame toujours aujourd’hui plus de 19 millions d’euros au club lillois. Le LOSC est finalement maintenu mais l’état de ses finances interroge, d’autant plus après la décision de la DNCG d’encadrer sa masse salariale à l’été 2018.

Un drôle de train de vie… mais des résultats probants

Les charges du club nordiste, déjà élevées avec le stade et le domaine de Luchin, explosent véritablement sous Gérard Lopez. L’externalisation de la cellule de recrutement Scoutly coûte au LOSC. Les nombreuses résiliations de contrats liées au « loft » pèsent également dans les finances lilloises. Les honoraires d’agents ont eux aussi grandement augmenté, dépassant largement ceux des concurrents du club nordiste. Lors de la saison 2019-2020, le LOSC a reversé 23 millions d’euros en honoraires d’agents, contre… 3 millions d’euros pour le Stade Rennais. La masse salariale, déjà un point noir sous Michel Seydoux, atteint des sommets sous Gérard Lopez. En 2020-2021, elle dépassait même à elle seule les revenus du club nordiste. Cette politique fortement dépensière permet au club de performer au niveau national, rivalisant même avec des clubs bien plus riches, comme le PSG ou l’OL.

Quid également du centre de formation du LOSC ? C’est probablement l’un des plus gros points noirs de la période Lopez : l’abandon de la formation au profit de jeunes joueurs venus d’ailleurs. Problème : le centre de formation coûte chaque année au club lillois – 6 millions d’euros annuels en 2007, probablement plus aujourd’hui – pour un rendement nul, ou presque. A terme, on aurait même pu se poser sérieusement la question de sa réelle nécessité. Après tout, d’autres clubs ont déjà fermé leur centre de formation pour réduire leurs charges, comme le Nîmes Olympique et l’US Orléans plus récemment. 

Qui dit explosion des charges dit explosion du déficit. Si le LOSC se relève sportivement, ce qui permet d’augmenter ses revenus principalement grâce à ses qualifications européennes, son déficit s’élève en moyenne à 95 millions d’euros par an avant transferts. Pour être à l’équilibre, il faut donc vendre en moyenne pour plus de 95 millions chaque saison. Sans oublier de rembourser la dette à Elliott. Et sans oublier évidemment de bien remplacer les partants, comme le prévoit le projet de trading.

Alors, le moindre petit grain de sable qui viendrait enrayer le projet lillois mettrait le LOSC dans une situation très compliquée. Manque de chance, en 2020, le Covid et la défaillance de Mediapro obligeront Gérard Lopez à céder le club à Elliott, qui le vendra lui-même à Merlyn Partners. Rappelons tout de même que l’intermédiaire entre Mediapro et la Ligue au moment des négociations en 2018 était Marc Ingla, également directeur administratif des Dogues.

Le Point révèlait également en juin 2021 qu’un commissaire aux comptes du club nordiste avait signalé au parquet de Lille la constatation de circuits financiers douteux entre les comptes du LOSC et plusieurs sociétés de Gérard Lopez. Dans la foulée de son éviction, le New York Times laissait en effet entendre que l’hispano-luxembourgeois avait pu bénéficier du trading effectué avec le club lillois. 

Alors, oui, Gérard Lopez a récupéré un club en mauvais état financier et dans une dynamique sportive inquiétante. Et les résultats sportifs qu’il a obtenus peuvent clairement lui donner raison sur sa stratégie sportive. Mais sa gestion financière pose question, tant la situation du club lillois fut précaire fin 2020 et tant les problèmes contractuels semblent poursuivre le LOSC aujourd’hui (on parle par exemple de plusieurs millions d’euros dûs au Sporting pour le transfert de Rafael Leao). Désormais, et depuis plus d’un an et demi, Merlyn Partners est à la tête des Dogues. Dans un prochain article, Le Petit Lillois vous proposera une projection sur le futur du club lillois.

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