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Interview

Daniel Gygax : « Je suis une personne qui aime vivre, je l’ai toujours été »

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Crédit photo : Imago

Daniel Gygax, est passé par le LOSC entre 2005 et 2007, disputant une trentaine de matchs pour cinq buts. Pour Le Petit Lillois, le milieu offensif suisse a accepté de revenir sur sa carrière.

Arrivée au LOSC 

A l’été 2005, vous signez chez le vice-champion de France, directement qualifié pour la phase de poule de Champions League… mais vous connaissiez le LOSC avant d’y signer ?

Bien que je vienne de Suisse alémanique, j’ai toujours été attiré par la langue française et je suivais le championnat de Ligue 1. Ensuite, lorsqu’un club montre de l’intérêt, vous vous renseignez davantage, afin d’affiner votre regard. En tout cas, c’est ce que je faisais quand mon agent me présentait un club. Mais oui, bien sûr, j’avais déjà entendu parler du LOSC, avant d’y signer.

Vous arrivez en provenance du FC Zurich. Et vous êtes imité par un compatriote : Stephan Lichtsteiner, qui vient du club rival des Grasshoppers. Vous vous connaissiez déjà ?

Stephan et moi nous sommes connus lors des derbies respectifs entre le FC Zurich et les Grasshoppers. Nous avions aussi quelques sélections en commun, avec les Espoirs.

Les deux suisses à leur arrivée à Lille – Crédit photo : Imago

Savoir qu’un autre suisse signait vous a-t-il convaincu et accéléré votre décision ?

Non, pas spécialement. Après quelques saisons en D1 Suisse, j’avais envie de découvrir l’étranger. Sa signature n’a donc pas accélérée ma décision. Je ne peux pas affirmer non plus, que c’était un désir du club, d’accueillir deux compatriotes en simultané. Mais c’est clair que c’était un plus, ça a facilité notre intégration. Nous n’étions pas isolés, et nous avons d’ailleurs été présentés le même jour à la presse.

Avez-vous gardé contact avec Lichtsteiner depuis vos départs respectifs du LOSC ?

Nous jouions toujours ensemble avec la sélection nationale, jusqu’en 2008. Mais après ma retraite internationale, le contact s’est peu à peu rompu.

Avec un statut d’international, et à 24 ans, vous arrivez pour être titulaire à Lille, comment se passe vos débuts dans le Nord ?

Les dirigeants m’ont donné le numéro 10 à mon arrivée (il récupérait le numéro laissé libre par Philippe BRUNEL, NDLR), ça m’a bien sûr fait plaisir, mais cela montrait aussi les attentes du club à mon égard.

J’ai été titularisé dès le premier match de la saison, contre Rennes. Puis je marque la semaine suivante (à Ajaccio, 3-3 score final). Ce but était à l’extérieur, mais j’ai vite été adopté par les supporters. Ils ont toujours été agréables avec moi. J’ai eu un bon contact avec les fans et les gens du club. Je suis quelqu’un de très ouvert et extraverti, ça a peut-être aidé aussi.

Je ne suis pas le mieux placé pour juger, si j’ai répondu ou non à ces attentes. Collectivement, la saison fut bonne, puisque nous finissons sur le podium, avec un parcours honorable en Europe (huitièmes de finaliste en Coupe UEFA, éliminés par le futur vainqueur du FC Séville NDLR).

 

Inadapté à l’exigence de Puel ?

En 2005/06, vous participez à 22 matchs de championnat. On sait que Claude Puel apprécie les joueurs impliqués dans le repli défensif, et dans le pressing… est-ce cela qui vous a empêché d’être aligné davantage ?

Mes qualités premières étaient celles d’un joueur offensif. J’ai dû m’adapter à la façon de jouer de l’entraîneur. Cela faisait partie du processus. Rétrospectivement, je dois avouer que j’avais parfois un comportement de « petite diva ».

Quelle était votre relation avec le coach ? Plusieurs joueurs interviewés nous ont dit que Claude Puel n’expliquait pas souvent ses choix, et que le turnover était assez déstabilisant pour la confiance.

J’avais une bonne relation avec le coach. Nos conversations restaient courtoises et ouvertes. Même quand nous échangions sur un désaccord, cela se faisait dans le respect nécessaire.

Dans le football, il n’est pas toujours nécessaire de tout expliquer. L’entraîneur c’est le patron, il tranche, point final. Bien sûr, les nombreux changements de l’époque n’étaient pas toujours faciles à comprendre. Mais quand je regarde en arrière, j’estime que le turnover, c’était la bonne recette pour l’équipe de l’époque. Il n’y avait pas réellement de star, et le groupe était assez homogène, sans titulaire ni remplaçant définitif. Ça permettait une émulation plus importante.

J’ai tiré un grand profit de ces méthodes, elles me sont très bénéfiques dans mon parcours actuel de coach.

« Kader Keita était toujours de bonne humeur »

Avec quels joueurs vous entendiez-vous le mieux en dehors du terrain ?

Je passais la plupart de mon temps avec Stephan. Quand nous avions le temps, nous sortions manger ensemble. Mais avec la Coupe d’Europe, nous étions souvent en déplacement avec toute l’équipe. Nous avions aussi régulièrement des mises au vert, ou des semaines complètes sans rentrer à la maison.

Il était donc important d’avoir un repos efficace à la maison, lorsque nous en avions l’occasion. Dans les vestiaires, l’atmosphère était assez détendue et souvent très amusante.

Quel était le plus gros ambianceur ?

Kader Keita était toujours de bonne humeur, il chantait, dansait très souvent. Même s’il jouait moins, Dante n’était pas le dernier pour mettre l’ambiance non plus.

Quel souvenir gardez-vous de la ville de Lille, lors de ces 18 mois passés dans la capitale des Flandres ?

Je vivais à l’extérieur de la ville, à Mérignies. La région et la ville de Lille sont très belles. Nous sommes souvent sortis pour diner, prendre un verre ou simplement pour nous promener, j’en garde de bons souvenirs.

Vous avouez dans une interview pour SoFoot ne pas avoir toujours respecté les exigences du haut niveau. Qu’après un match gagné, vous alliez plus facilement en boîte de nuit, pour boire un verre ou fumer une cigarette, que d’autres coéquipiers. Ça vous a desservi ?

J’assume totalement ces choix. Je sais que la vie nocturne et le football ne vont pas ensemble et que beaucoup de gens n’aiment pas ça. Je suis une personne qui aime vivre. Je l’ai toujours été et je le serai toujours. Après, je ne menais pas non plus une vie de débauche… En tant que joueur pro, vous devez savoir quand vous êtes autorisé à faire quelque chose et quand vous ne l’êtes pas.

De plus, beaucoup ne connaissent pas mon parcours. A savoir la musique, qui est aussi une partie importante de ma vie.

Vous êtes DJ c’est ça ?

La musique électronique est sans aucun doute ma deuxième passion. Elle m’a accompagné toute ma vie. J’ai commencé à m’initier aux platines, en jouant des disques vers 12 ans. Les concerts dans les « Clubs » et les fêtes de Zurich ont suivi. Même en tant que joueur, j’ai continué, principalement pendant les vacances.

Le point culminant s’est déroulé en 2008. Quand j’ai été autorisé à mixer la compilation souterraine, pour la Street Parade de Zurich (techno-parade d’envergure organisée chaque année depuis 1992 NDLR). Mes concerts sont un peu moins nombreux maintenant, et le contexte sanitaire n’aide pas. Mais je fais toujours de la musique. Vous pouvez l’écouter sur mon compte Soundclouds.

 

Un rôle dans l’épopée en Champions League 2006-2007

Après une première saison encourageante (1400 minutes de jeu toutes compétitions confondues), vous ne serez convoqué que deux fois par Claude Puel sur la phase aller de L1 2006/07.

Le point de vue d’un entraîneur sur un joueur peut malheureusement changer avec le temps. C’est Claude Puel qui m’avait fait venir à Lille, et ça avait plutôt bien fonctionné la première année. Mais c’est vrai, qu’à ma grande surprise, je n’ai pas eu autant de temps de jeu ensuite.

L’entraîneur n’a pas vraiment justifié cela. Mais comme je l’ai dit plus tôt, il n’est pas toujours obligé de le faire. L’équipe jouait de nouveau la Champions League, l’exigence s’accentuait d’année en année. Il y a aussi Michel Bastos, qui a été recruté en tant qu’offensif, et le système de jeu limitait les places dans ce secteur.

Paradoxalement, c’est vous qui débloquez la situation contre l’AEK Athènes en Champions League. Un but à Bollaert, qui a pesé lourd dans la qualification pour les huitièmes de finale de la compétition.

Je pensais toujours que je pouvais aider l’équipe avec mes qualités. Je l’ai fait du mieux que j’ai pu. C’est vrai que contre Athènes, quand je marque ce but libérateur, j’ai tout laissé sortir. Vous pouvez le voir dans la manière dont je célèbre le but.

En Coupe de France contre l’ASSE – Credit photo : Imago

 

Transfert particulier vers le FC Metz

Afin d’obtenir le renfort de Ludovic Obraniak, alors à Metz. Lille vous prête six mois en Lorraine. Ça n’a pas été trop dur à vivre, de servir de « monnaie d’échange » ?

Je ne le voyais pas du tout comme ça. Pour moi, il était surtout important d’avoir du temps de jeu et j’avais plus de chance d’en obtenir à Metz. En outre, le championnat d’Europe 2008 approchait et je voulais conserver ma place dans l’équipe nationale.

Finalement, vous obtenez la montée avec Metz et restez définitivement dans le club champion de Ligue 2. Cette équipe correspondait-elle davantage à votre niveau ?

J’ai été surpris par le niveau de la Ligue 2, qui comporte de nombreuses équipes capables d’évoluer au sein de l’élite. Retrouver la Ligue 1, m’a convaincu de rester. Nous avions une très bonne qualité à l’entraînement et dans le jeu. Il n’est donc pas surprenant que quelques joueurs aient fait une belle carrière. Papiss Cissé, Franck Béria, Gaétan Bong ou Sebastien Bassong, pour ne citer que les plus connus.

Vous poursuivez ensuite une carrière honorable (Nuremberg, Lucerne, Aarau…) jusqu’en 2015, sans toutefois retrouver le niveau entrevu à Zurich au début des années 2000. Une explication ?

La seule explication serait que j’ai souvent eu à faire face à des blessures musculaires dans ma carrière. Ce n’est pas une excuse, mais chaque footballeur sait combien il est difficile de gagner une place, puis de se blesser et de devoir se battre pour revenir. Malheureusement, c’est arrivé un peu trop souvent pour moi.

« Parfois, le football écrit de drôles d’histoires »

Nous avons remarqué que vous aviez recroisé la route de Matt Moussilou, qui a terminé sa carrière en amateur en Suisse. Comment se sont passées vos retrouvailles ?

Oui c’était au Football Club de Mont-sur-Lausanne en 2015. Nous avons ri un long moment, quand nous nous sommes revus. Sa première phrase a été : « Que diable fais-tu ici ? » (What the hell are you doing here ?).

Parfois, le football écrit de drôles d’histoires. Cela nous a rappelé beaucoup de bons souvenirs de notre séjour à Lille. C’était amusant de jouer une nouvelle saison avec ce grand attaquant et cette belle personne.

 

Joueur important de la Nati

Lors de votre passage lillois, vous faites de nombreuses apparitions avec la sélection nationale Suisse (16 sur un total de 35 en carrière). Savez-vous que vous aviez plus de temps de jeu avec la Nati, qu’avec le LOSC en 2006/07 ?

Vraiment ? Ce n’est pas une bonne statistique du tout (rires). C’est justement pour cette raison que j’ai demandé à changer de club. Ma place en sélection était en jeu.

La génération Suisse de l’époque était très talentueuse. Parlez-nous de votre parcours à la Coupe du Monde 2006.

Nous avions une équipe formidable. Quelques-uns jouaient en France d’ailleurs : Stéphane Grichting à Auxerre, Patrick Müller à Lyon, Alexander Frei à Rennes, Stephan et moi-même à Lille.

Nous avons également passé beaucoup de temps ensemble en dehors du terrain. Cette solidarité, venait aussi du fait que de nombreux joueurs évoluaient déjà ensemble depuis les catégories de jeunes. Une autre force fut que Jakob Kuhn, l’ancien sélectionneur, malheureusement décédé en novembre 2019, avait suivi cette génération sur le long terme. En étant à la tête des Juniors entre 1995 et 1998, des Espoirs entre 1998 et 2001, puis des A entre 2001 et 2008.

En 2006, nous réussissons le meilleur parcours dans un Mondial, depuis les années 50. Nous étions très frustrés d’être éliminés en huitième de finale lors d’une séance de tirs aux buts, contre l’Ukraine.

 

Reconversion 

Vous êtes actuellement entraîneur au sein de l’académie du FC Zurich. Comment les jeunes vous regardent, vous l’ex-international, ayant disputé un Mondial ou la Champions League ?

Oui, je suis resté dans le monde du football. J’en suis à ma quatrième année en tant qu’entraîneur. Je suis en train de rassembler les diplômes de coach. En ce moment, j’entraîne l’élite des moins de 16 ans du FC Zurich. Le respect est grand de leur part, bien sûr. Mais je ne parle pas souvent de mon passé. Si les garçons veulent savoir quelque chose, ou veulent entendre une anecdote, je suis heureux de le faire. Mais pour moi, ce qui est important, c’est le présent, l’avenir… Le développement des jeunes joueurs est mon principal objectif.

Vous êtes aussi consultant TV ?

Exactement. Je travaille aussi depuis longtemps pour Bluesport. La plus grande chaîne sportive de Suisse, en tant qu’expert du football.

Pour conclure, avez-vous un message à adresser aux supporters lillois ?

Je repense souvent aux bons moments passés avec vous. L’ambiance dans le stade, les rencontres avec des fans passionnés, avec les salariés, des gens formidables… Je vous souhaite, à vous et au club, tout le meilleur. Allez les Dogues !

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